Depuis 2004, l’émission Une brique dans le ventre sur la RTBF nous ouvre les portes d’intérieurs aménagés avec passion par des particuliers. Ses présentateurs, Virginie Jacobs et Cédric Wautier, nous en font découvrir les coulisses et la petite histoire.
Astuces déco, logements insolites, conseils techniques, juridiques et de bricolage… Une brique dans le ventre est un monument emblématique du paysage audiovisuel belge. Présent depuis la toute première émission, Cédric Wautier a su imposer sa marque. Pourtant, rien ne le prédisposait à animer une série hebdomadaire sur un tel sujet. « À l’époque, j’ai reçu un appel du producteur Frédéric Ledoux. Il voulait lancer un magazine consacré à la maison », se souvient-il. « Bien que journaliste de formation, je ne connaissais pas grand-chose au sujet. Mais comme je travaillais déjà avec lui, il m’a proposé de participer au projet et le succès fut immédiat. »
Nous présentons les projets coups de cœur d’un petit nombre de passionnés ravis de les partager. Pour nous et les téléspectateurs, c’est un réel plaisir de rencontrer chaque semaine des gens heureux.
Sa partenaire de choc, Virginie Jacobs, a rejoint l’émission un peu plus tard, en 2008. Là encore, la rencontre devait beaucoup au hasard. Tandis qu’elle exerçait la profession d’architecte dans un bureau d’études, on lui souffla à l’oreille que le programme cherchait à s’adjoindre les services d’un spécialiste en décoration intérieure. Cela tombait bien : elle travaillait aussi à temps partiel dans un magasin de mobilier contemporain et connaissait donc bien cet univers. « Je me suis présentée au casting avec une douche d’extérieur fabriquée en Belgique », se remémore-t-elle. « Je me suis trompée d’adresse, mais j’ai quand même réussi à passer l’audition et j’ai été retenue. »
Bien plus que des effets de mode
En 21 ans, le duo en a vu défiler des tendances. Certaines se sont révélées éphémères, tandis que d’autres sont devenues la norme. « La toute première maison présentée dans l’émission était en bois. Il y a deux décennies, c’était un geste presque révolutionnaire. Heureusement, cette tendance a perduré et nombre de constructeurs font désormais le choix du bois », se réjouit Cédric Wautier. « On pourrait encore étendre son utilisation, notamment dans le domaine public. »
En matière d’aménagement intérieur, les goûts ont également beaucoup évolué. « Conséquence de la hausse des prix de l’énergie, l’époque des grands espaces ouverts est révolue. L’heure est aux endroits plus fermés et aux ambiances plus intimistes aménagées avec soin. Cela se voit par exemple dans le choix des couleurs », observe Virginie Jacobs. « Quand j’ai commencé l’émission, les gens n’hésitaient pas à utiliser des teintes très vives sur les murs. Aujourd’hui, on préfère des tons plus neutres, même si la couleur commence à revenir dans les tapis et les objets. »
Cédric Wautier tient néanmoins à préciser que « ce qu’on montre dans l’émission n’a jamais été représentatif des tendances du marché. Nous présentons les projets coups de cœur d’un petit nombre de passionnés ravis de les partager. Pour nous et les téléspectateurs, c’est un réel plaisir de rencontrer chaque semaine des gens heureux. »
Adaptation aux réalités socio-économiques
L’émission doit toutefois aussi son succès à son adaptation permanente aux réalités socio-économiques. « En 20 ans, les prix de l’immobilier ont explosé, tout comme les coûts liés à la rénovation », illustre Virginie Jacobs. « Les grands chantiers se font plus rares, tout comme le désir d’afficher son originalité à travers l’architecture intérieure. En outre, beaucoup de familles, notamment monoparentales, ne peuvent plus se permettre l’acquisition d’un logement de grande taille, surtout en ville. »
Autre évolution majeure constatée par les deux présentateurs : les gens sont généralement moins désireux de mettre en avant leur intérieur qu’auparavant. « C’est peut-être lié à l’essor des réseaux sociaux et au besoin de protéger sa vie privée », s’interroge Virginie Jacobs. « Mais qu’on se rassure, bon nombre de particuliers continuent à nous ouvrir leurs portes et l’émission a encore de beaux jours devant elle. »