La vieillesse n’est pas une maladie ! Malheureusement, nombre de seniors ne sont pas traités dignement. Dominique Langhendries, Directeur de Respect Seniors, une association en première ligne dans le combat contre ces abus, nous livre quelques clés pour faire face à ce fl éau.
L’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Sans doute faudrait-il ajouter « … et doivent le rester jusqu’à leur dernier jour ! » Car, oui, comme le souligne Dominique Langhendries, les seniors sont encore et toujours victimes de maltraitance : « Cette année, Respect Seniors a encore reçu quelque 3.500 appels pour dénoncer ce genre de situation. »
Si ce chiffre donne déjà le tournis, il ne représente pourtant que la partie émergée de l’iceberg : « L’OMS estime qu’à travers le monde, un aîné sur six est victime d’atteintes à son intégrité physique ou morale. Au Québec, les autorités sanitaires déclarent que 25 % des seniors sont touchés par le phénomène. Je pense que c’est similaire en Belgique. »
Un fléau aux multiples visages
Cette maltraitante peut survenir partout – en maison de repos comme au domicile, par exemple – et prendre des formes diverses. « La principale est de nature psychologique », soutient notre interlocuteur. « La crise du Covid a d’ailleurs exacerbé le nombre d’occurrences de non-respect des droits juridiques de nos anciens ; il est devenu plus important que celui de la maltraitance financière. Contrairement à une idée reçue, la violence physique est la forme de mauvais traitement la moins répandue. »
Les profils des personnes commettant ce genre d’exactions sont variés. « La majorité des faits est imputable aux membres de l’entourage immédiat : 60 % des auteurs d’abus sur seniors sont les propres enfants des victimes. Les professionnels de la santé et les administrateurs de bien sont eux aussi concernés. La maltraitance est néanmoins souvent inconsciente ; l’âgisme ambiant nous conduit à intérioriser des opinions négatives sur les aînés ou à les infantiliser à force de vouloir trop les aider. »
Rompre le silence
Côté solutions, Dominique Langhendries plaide pour un éveil des consciences : « Mettre le sujet au cœur du débat public amène à se rendre compte de l’ampleur du phénomène, à cesser de l’ignorer et à le combattre. Bien souvent, les victimes ou les témoins ne contactent pas une association comme la nôtre car ils ignorent être confrontés à une situation de maltraitance ou car ils ne savent pas comment réagir. Respect Seniors communique sur le sujet via des présentations, des conférences ou des approches plus originales comme des pièces de théâtre et des ciné-débats. »
Cette année, l’asbl a encore reçu quelque 3.500 appels pour dénoncer des situations de maltraitance envers des seniors.
Le but principal de cette prise de conscience est de libérer la parole. « Tous les moyens sont bons pour briser l’omerta et l’isolement. Pas besoin d’ailleurs d’être confronté à une situation critique pour nous appeler. Nous sommes à l’écoute de chacun, que ce soit pour parler de son vécu, de son ressenti, de sa perception de la vieillesse ou d’un événement potentiellement problématique. »
Sensibiliser et former les professionnels
Respect Seniors s’adresse aussi aux institutions et services en lien avec les aînés, dont les professionnels de la santé. « Nous avons créé un catalogue, disponible sur notre site web, afin de présenter toute l’étendue des démarches à mettre en place pour prévenir et résoudre ces problèmes. Cela comprend notamment des activités de sensibilisation autour de l’éthique. »
Dominique Langhendries est formel : « La crise sanitaire a eu un impact majeur sur la façon de travailler des professionnels et sur leur rapport à l’autre, avec parfois une perte de sens. Il est essentiel de pouvoir discuter de leurs valeurs et d’œuvrer à diminuer leur stress. Nous formons aussi le personnel de santé sur la manière de réagir en cas d’abus de nos aînés. »
Tout un chacun peut aussi lutter contre la maltraitance des seniors en soutenant financièrement l’association par un don.
Ligne d’écoute
Victime ou témoin de situations de maltraitance envers un senior ? Une ligne d’écoute gratuite est disponible au 0800/30.330.