En Belgique, le seuil de pauvreté communément admis pour une personne isolée est de 14 600 euros de revenus par an. Pour une famille de 2 adultes et 2 enfants, on arrive à 28 000 euros. Mais derrière les chiffres, se cachent souvent des réalités bien plus complexes et une précarité bien plus importante.
Texte : Philippe Van Lil
Pas de données objectives de la précarité
Si l’on se base sur le revenu, on atteint un seuil de pauvreté global de quelque 15 % de la population belge, dont près de la moitié souffre de privations matérielles graves.
Ce pourcentage traduit toutefois mal l’état réel de la précarité : nombre de personnes sont dans une telle situation alors qu’elles bénéficient d’un revenu ; d’autres ne jouissent d’aucun revenu mais n’osent pas franchir la porte d’un CPAS pour obtenir un revenu d’intégration ; la crise sanitaire actuelle a fait disparaître de nombreux petits boulots ainsi que le travail au noir, bien évidemment non repris dans les statistiques officielles ; etc.
Aujourd’hui, il n’existe aucun indicateur valable pour chiffrer objectivement la précarité en Belgique.
Trois besoins de base non satisfaits
La précarité concerne trois besoins de base non rencontrés : l’alimentaire, le logement et les soins de santé. Ne pas pouvoir combler les besoins alimentaires ou en soins de santé d’une personne peut raccourcir sa vie jusqu’à 13 ans ! C’est dire l’importance de ces besoins qui, bien souvent, ne sont pas rencontrés de manière simultanée.
Les personnes démunies bénéficient d’un grand nombre de droits dans la société belge. Le problème est bien souvent qu’elles ne savent desquels pouvoir jouir et à quelle porte frapper.
Actuellement, dans le contexte de la crise économique consécutive à la crise sanitaire, les organismes d’aide alimentaire d’urgence accueillent deux à trois fois plus de personnes que d’habitude.
La situation s’empire très souvent quand les besoins culturels ne sont pas rencontrés, en particulier ceux de la scolarisation et de l’éducation. Bien des personnes en état de précarité ne savent par exemple pas qu’elles ont droit à des soins de santé gratuits ou peu coûteux lorsqu’elles sont inscrites dans le parcours de soins de santé ; dans le monde de l’immigration, beaucoup ignorent encore qu’ils peuvent s’inscrire à une mutuelle.
Manque de coordination de l’aide sociale
Les personnes démunies bénéficient d’un grand nombre de droits dans la société belge. Le problème est bien souvent qu’elles ne savent desquels pouvoir jouir et à quelle porte frapper.
Autre écueil : les nombreuses associations de lutte contre la pauvreté ne communiquent pas suffisamment entre elles ou se ne sentent pas écoutées. S’il existe bien un Réseau wallon de lutte contre la pauvreté qui émet toute une série d’idées, force est de constater que sa marge de manœuvre est limitée.
Au minima, il serait judicieux d’instaurer un conseil consultatif pour que le monde associatif puisse collaborer et être entendu… et sans doute aussi pour que tous les acteurs acceptent de se référer à un outil statistique unique pour chiffrer la précarité !
Apporter sa pierre à l’édifice
Pour l’heure, chaque citoyen peut soutenir ces associations, soit en donnant de son temps, soit en effectuant un don financier. Sur leur site web, toutes les associations disposent d’un portail vers les appels aux dons. Il existe aussi une myriade d’initiatives locales, comme celles de citoyens achetant en commun des fruits et légumes pour les redistribuer aux plus nécessiteux.
Puis, si l’on a connaissance de personnes dans le besoin, une manière toute simple de leur venir en aide est de les orienter vers les bonnes associations.