Cédric Wautier et Virginie Jacobs, les présentateurs de l’émission « Une brique dans le ventre » sur la RTBF, sont des experts en matière d’économies d’énergie. Nous leur avons demandé quelles étaient les tendances qui se dégageaient pour l’avenir. Compte rendu.
Texte : Philippe Van Lil – Photos : Christophe Toffolo
➡️Standard Q-ZEN
Q-ZEN est le futur standard pour les bâtiments neufs. Dès 2021, leur consommation d’énergie devra être quasiment nulle. Ceci découle de l’engagement de l’Europe d’améliorer de 20 % au moins l’efficacité énergétique dans l’UE d’ici à 2030. Pour participer à cet objectif, les candidats bâtisseurs sont donc invités à construire dès aujourd’hui leur logement selon les exigences de ce futur standard.
En pratique, cela signifie qu’à partir de 2021, le permis sera refusé si la performance énergétique du bâtiment n’atteint pas la norme. Cela veut aussi dire que les coûts de construction augmenteront pour répondre aux nouvelles exigences… mais également que l’achat d’énergie devrait devenir un poste marginal dans le budget de fonctionnement des ménages habitant les futurs nouveaux bâtiments.
➡️Surfaces plus petites
Ces exigences énergétiques accrues auront une incidence sur les projets de construction des particuliers. On le constate déjà aujourd’hui : les logements deviennent plus petits. On construit par exemple beaucoup moins de couloirs de distribution et une seule grande pièce faisant office de cuisine ouverte sur un espace salon et/ou salle à manger.
Depuis ce 1er mars, la plupart des primes pour les travaux économiseurs d’énergie ont augmenté en Wallonie.
Il en résulte aussi une grande créativité des architectes – entamée déjà, il est vrai, depuis une bonne quinzaine d’années – sur les aménagements intérieurs. Il s’agit d’intégrer toutes les fonctions traditionnelles de la maison dans le programme d’une nouvelle construction à la surface plus petite… avec tout le confort des grandes habitations ! On a donc affaire à des architectures plus ouvertes et plus condensées, néanmoins agréables à vivre.
Les nouvelles techniques ont rendu cela possible. Les hottes silencieuses permettent d’inclure la cuisine dans l’espace de vie. Des sièges hauts et confortables donnent la possibilité de manger sur un plan de travail. Le soir, la domotique crée des ambiances lumineuses qui ne donnent pas l’impression de passer la soirée dans sa cuisine.
➡️Bâtiments anciens
Pour les bâtiments anciens, les choses sont évidemment plus compliquées si l’on veut atteindre un niveau de performance énergétique optimal. Néanmoins, ici aussi, l’Europe prévoit un programme particulièrement ambitieux : le bâti devra atteindre en moyenne une performance énergétique de niveau A en 2050. Le challenge est énorme : la majeure partie de notre bâti est aujourd’hui très énergivore.
Pour y arriver, il faudra isoler toutes les parois de l’habitation – sols, murs, toitures et fenêtres -, installer des techniques performantes de chauffage, d’eau chaude sanitaire et de ventilation, mieux gérer l’étanchéité à l’air, les ponts thermiques et les nœuds constructifs, si possible faire appel aux énergies renouvelables, etc. Heureusement, une multitude de solutions techniques innovantes existent aujourd’hui pour répondre à ces défis.
➡️Primes revues à la hausse
L’incitant pour entamer de tels travaux, ce sont évidemment les primes. Bonne nouvelle : depuis ce 1er mars, la plupart des primes pour les travaux économiseurs d’énergie ont augmenté en Wallonie.
Exemple marquant : la prime de base pour l’isolation d’une toiture classique de 150 m² a été multipliée par 4,5, car non seulement la prime par m² augmente (x3) mais aussi la surface de toiture éligible qui passe de 100 à 150 m2.
Pour les travaux les plus importants, la prime peut atteindre plusieurs milliers d’euros ; elle est encore augmentée pour les ménages dont les revenus sont plus modestes. Il ne s’agit là que d’un régime transitoire en attendant une refonte des primes en Wallonie, annoncée pour fin 2018, dans le but d’une simplification.