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« Il y a un véritable engouement pour le mobilier durable »

Sébastien Caporusso, architecte d’intérieure et designer. photo : Sam Gilbert.

Naviguant entre la conception de projets résidentiels et la création de mobilier, l’architecte d’intérieur et designer Sébastien Caporusso ne cesse de questionner la place de la durabilité au sein de son activité. Rencontre.

Texte : Diane Theunissen

photo : Karel Duerinckx.
En quoi consiste votre profession ?

Sébastien Caporusso : « Je suis architecte d’intérieur et designer. Je travaille majoritairement sur des projets résidentiels : constructions, agrandissements, maisons, appartements, villas. Parallèlement à ça, je dessine pas mal de mobilier – des ensembles de petites séries ou des pièces uniques. Ce sont des chaises, des tables, des luminaires, des suspensions, des appliques, des tapis, etc. C’est une collection de mobilier qui me représente, et que j’aime faire évoluer (…) Quand je dessine un projet, je ne fais pas trop de recherches : j’achète des choses anciennes comme du mobilier vintage, que je récupère dans différents endroits. Pour les nouvelles pièces, je m’appuie surtout sur la récupération de matière et j’essaye de collaborer avec des professionnels du secteur lorsque c’est possible. »


Comment la notion de durabilité s’inscrit-elle dans votre projet ?

S. C : « Ce n’est pas quelque chose sur laquelle je me mets une obligation, ce sont plutôt des coups de cœur. C’est plus en termes de recherche de patines, d’épaisseur de bois ou de look de pierres que je mène cette réflexion. Dans certains projets je mets du neuf, que je combine avec des matériaux récupérés : d’anciens carrelages, des anciennes dalles de ciment, des luminaires remis à jour avec des nouveaux abat-jours, des nouveaux tissus, des nouvelles suspensions, etc. »

La notion de circuit-court entre-t-elle également en jeu ?

S. C : « À chaque fois que je travaille sur des projets en Belgique ou à l’étranger, j’essaye de m’entourer d’artisans locaux, ce qui simplifie la manière dont est gérée le projet, et ce qui permet aussi de lui donner une identité et de la garder. Actuellement, je travaille sur un projet dans le nord de l’Espagne avec un céramiste qui s’occupera du sol. Pour moi, c’est une manière de participer à la préservation d’un savoir-faire local et une belle occasion d’apprendre de nouvelles choses. »

Avez-vous remarqué un engouement particulier pour le mobilier durable ?

S. C : « Oui, il y a vraiment un engouement pour le mobilier durable, et pour le fait d’essayer de jeter le moins possible. Quand on se retrouve dans des projets que l’on gère de A à Z, on essaye tout d’abord de garder l’esprit du lieu. Ensuite, il s’agit identifier ce qu’il convient de garder tel quel et ce qui peut être conservé pour être réutilisé plus tard. Il n’est pas rare que je réutilise des éléments conservés dans un dessin de mobilier par exemple. »

Pour être durable, l’objet doit également être pérenne. Comment fait-on pour donner un gage de durabilité au mobilier ?

S. C : « Lorsque je dessine une pièce de mobilier ou que je travaille sur un projet en entier, j’essaye de créer le projet comme j’aurais pu le créer il y a 20 ou 50 ans. Je n’aime pas trop l’idée de suivre les tendances et de me cantonner à une mode. J’essaye de créer quelque chose qui aurait pu être là il y a longtemps, et lui donner un caractère plus durable sur le long terme. L’idée, c’est d’avoir un objet qui puisse évoluer et qui puisse perdurer. Si on utilise quelque chose en plaquage très fragile, avec plein de colle dedans, on sait très bien que ça ne va pas être durable et que ça ne va pas tenir. Des matériaux un peu plus épais et plus généreux, qui pourront être poncés si besoin, ont une durée de vie quasiment infinie (…) Récupérer des éléments existants, cela implique souvent un travail de nettoyage, de ponçage, de stockage, etc. Ce n’est donc pas une façon de faire très rentable en soi… Mais c’est évidemment très gratifiant de remettre à jour un élément qui n’a plus été utilisé depuis 50 ans et de lui donner une nouvelle vie. Aujourd’hui, réfléchir en termes de coûts ne suffit plus. Notre métier exige une vision à long terme. »

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