Spécialiste du sprint, Olivia Borlée est une athlète belge bien connue, au même titre que ses frères Jonathan, Kévin et Dylan. Depuis sa retraite du sport de haut niveau en 2019 à 33 ans, elle consacre une bonne partie de son temps à sa vie de maman et à son entreprise de sportswear. Une nouvelle vie qui, parfois, prend encore des allures de sprint.
Comment imaginiez-vous votre vie de jeune maman avant d’avoir votre enfant ?
Olivia Borlée : « Tant qu’on n’a pas d’enfant, on ne peut jamais vraiment se projeter dans ce genre de scénario. Mais, en termes d’amour, c’est encore mieux que ce que j’imaginais. En revanche, je pensais qu’il serait beaucoup plus facile de combiner ma vie à la fois en tant que femme, qu’entrepreneuse et que maman. Dans notre société, cela reste encore très compliqué aujourd’hui. »
Parce qu’en général, on en demande encore toujours plus à la femme qu’à l’homme ?
O. B. : « La femme est bien entendu trop souvent contrainte à supporter plus de tâches. Le combat autour des droits de la femme doit se poursuivre et les mentalités doivent encore évoluer. Je ne parle pas d’une égalité absolue entre hommes et femmes sur tous les plans mais plutôt d’une reconnaissance des femmes dans leurs différences, leurs spécificités et leurs richesses. Une femme qui porte un enfant pendant neuf mois a bien évidemment une gestion du temps et des obligations bien spécifiques. Il y a parfois un manque de reconnaissance par rapport à ce rôle de mère. Ensuite, une fois l’enfant né, la société impose aux femmes à la fois d’être de bonnes mamans et de bonnes épouses, d’avoir une vie professionnelle et sociale épanouie, etc. Cette accumulation ne correspond pas toujours directement à nos besoins de femmes. Plus globalement, que ce soit pour l’homme ou la femme qui passe plus de temps à la maison, on ne valorise pas suffisamment tout ce qu’il ou elle consacre à l’éducation des enfants. »
Dans ce contexte, comment gérez-vous votre emploi du temps ?
O. B. : « De 7h du matin, le moment où ma fille se réveille, à 9h, le moment où je la dépose à la crèche, je lui consacre pleinement mon temps. Ce sont là des moments de qualité où je n’ai pas la sensation d’être dans un rush matinal. Deux fois par semaine, je vais la chercher vers 17h à la crèche, les autres jours étant assumés par mon mari et les grands-parents. Quand je m’en occupe, j’essaie aussi de profiter pleinement de la présence de ma fille jusqu’au moment où elle va se coucher vers 19h30. Après cela, je me remets souvent à travailler pour finaliser les tâches professionnelles que n’ai pas pu accomplir durant la journée. »
Êtes-vous pleinement satisfaite de cette gestion du temps ?
O. B. : « Oui et non. Oui car, même si cela a pris un peu de temps à mettre en place, je suis arrivée à mettre en place un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Non car il reste malgré tout une légère frustration de ne pas pouvoir me donner à fond, en termes de temps, ni en tant que maman ni dans mon business. Cela étant, la naissance de ma fille m’a fait revenir à l’essentiel : je ne travaille plus tous les soirs jusqu’à 22h00… et j’en suis heureuse ! »
De votre passé familial, qu’aimeriez-vous transmettre comme valeurs à votre fille ?
O. B. : « J’ai grandi au sein d’une grande famille bruxelloise de cinq enfants, dont je suis l’aînée. Les liens entre nous et avec mes parents sont très forts, bien au-delà du fait que mon papa a été mon coach. Mes parents ont toujours été de réels confidents, très à l’écoute de mes besoins. Alors que nous étions d’une origine relativement modeste, ils m’ont transmis l’idée que dans la vie, tout est possible et qu’il ne faut pas se mettre de limites… à condition de travailler ! Eh oui, dans la vie, on n’a bien sûr rien sans rien ! Nos parents nous ont poussés, mes frères, ma sœur et moi, à développer les aptitudes auxquelles nous répondions le mieux. C’est tout cela que j’ai envie aujourd’hui de transmettre à ma fille Olga. »
Du sport mais pas que
Si le sport a toujours été au centre de sa vie, Olivia Borlée a bien d’autres centres d’intérêt. Durant sa carrière de sprinteuse, elle fait trois ans d’études en architecture d’intérieur à La Cambre ainsi que des cours de stylisme en cours du soir durant trois ans à Saint-Luc, avec par après une formation en modélisme. Ensuite, en 2016, elle lance avec Élodie Ouedraogo, une autre athlète belge spécialiste du sprint, UNRUN, une marque de vêtements de sport durables haut de gamme pour femmes.