Installée à Paris depuis des années, Virginie Efira n’oublie rien de ses racines. Fière d’être belge, elle est bien placée pour savoir ce qui nous définit, à l’étranger.
Qu’est-ce que la Belgitude, pour vous ?
Virginie Efira : « La Belgitude, c’est quelque chose qu’on trimballe avec soi sans même s’en rendre compte. On pense parfois que ce sont des traits personnels, alors qu’en réalité, ils sont liés à un territoire. C’est toujours un peu étrange de globaliser des caractéristiques en fonction d’un pays, car cela peut mener à des excès. En fait, je ne me pose jamais cette question lorsque je suis en Belgique. La Belgitude, c’est un sentiment qui se révèle surtout à l’extérieur. C’est à ce moment-là qu’on ressent un vrai attachement, qu’on remarque des différences avec d’autres cultures et qu’on prend pleinement conscience de son identité belge. Ce n’est pas une question d’uniformité : on n’est pas tous pareils en Belgique. Mais on retrouve certains traits communs comme l’humour sur soi-même, une forme de modestie, un léger décalage et un rapport plus direct à l’autre, sans notion de hiérarchisation. Quelque part, c’est une société qui, étonnamment, semble moins monarchique que la France. »

Virginie Efira, Actrice. © PHOTO : BELGA
Quelles sont vos spécialités favorites en Belgique ? Un plat, une région, une habitude ?
V.E. : « La chance que j’ai, c’est cette facilité de revenir, depuis Paris. Je retourne souvent en Belgique, donc je n’ai pas ce réflexe de me ruer sur un plat en particulier. J’ai surtout des rituels : aller voir ma famille, mes amis, refaire les mêmes trajets que lorsque j’étais enfant. J’aime particulièrement Schaerbeek, où j’ai vécu. Cette commune a évolué, mais elle garde son âme. Ce mélange de cultures et d’énergies reste intact. »
La Belgitude, c’est quelque chose qu’on trimballe avec soi sans même s’en rendre compte.
De quoi êtes-vous la plus fière en Belgique ?
V.E. : « Plutôt de certaines avancées politiques. J’étais en France lorsque les débats sur le mariage pour tous ont eu lieu, alors qu’en Belgique, cette question était déjà réglée depuis longtemps. C’est la même chose aujourd’hui avec l’euthanasie. J’apprécie aussi l’absence d’extrême-droite en Belgique francophone. Notre politique du cordon sanitaire est intéressante : on prône la liberté d’expression, mais cela signifie-t-il qu’on doit accepter n’importe quel discours ? En Belgique, il y a cette vigilance à ne pas transmettre de messages de haine. C’est une réflexion précieuse. »
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la Belgique, vous qui vivez à Paris ?
V.E. : « Les gens. Ce ne sont pas les frites ou un lieu précis. Ce sont mes amis de longue date, ceux que je ne peux pas voir aussi souvent que je le voudrais. L’avantage d’être loin, c’est qu’on savoure davantage le temps passé ensemble. Bien sûr, il y a peutêtre un plat ou l’autre qui me manque de temps en temps. Mais non, je n’ai pas un besoin vital de manger des frites de la Place Flagey (rires). »
Ce qui est drôle, c’est que, malgré mes débuts, ce que je fais aujourd’hui est exactement ce que j’ai toujours voulu faire.
Quel regard portez-vous sur votre parcours, depuis vos débuts ?
V.E. : « J’ai toujours eu envie d’être actrice, mais avec une certaine part de fantasme sur ce métier. J’ai fait une école de théâtre, mais je manquais de confiance en moi. Quand j’ai commencé à la télévision, je me suis dit que c’était ‘foutu’ pour le cinéma. Mais au fond, ce n’était pas grave, j’allais faire ma carrière comme ça. Et puis, parfois, les choses nous rattrapent. Rien n’est jamais figé. J’ai mis du temps à me sentir légitime. Il faut apprendre à faire avec ce qui est, à ne pas se renier, mais aussi à accueillir ce qui arrive, même si ce n’est pas exactement ce qu’on avait prévu. Ce qui est drôle, c’est que, malgré mes débuts, ce que je fais aujourd’hui est exactement ce que j’ai toujours voulu faire. »
Quels sont vos plus grands accomplissements ?
V.E. : « Je crois qu’il faut savoir trouver du sens là où on est. Et si ça ne nous convient plus, il faut oser aller ailleurs. Il faut être dans le présent et l’investir pleinement. Il y a aussi une part de hasard et de chance. Si on m’avait dit qu’en commençant par le ‘Mégamix’, j’arriverais au cinéma, je n’y aurais jamais cru. Après ‘Nouvelle Star’, on me voyait d’une certaine manière, et je pensais que cela me desservirait. Mais avec le recul, ça m’a aussi aidée. On ne sait jamais ce qui va se passer. Même les moments difficiles finissent par avoir une certaine valeur. »