Home » Fier d'être Belge » Un millénaire d’histoire militaire à (re)découvrir
fier d'être belge

Un millénaire d’histoire militaire à (re)découvrir

En collaboration avec
À Bruxelles, les collections du musée couvrent un millénaire sur 35.000 m².
En collaboration avec
À Bruxelles, les collections du musée couvrent un millénaire sur 35.000 m².

Avant même son indépendance, la Belgique a été le théâtre d’une longue histoire militaire. À travers ses multiples collections réparties de Bastogne à Breendonk, le War Heritage Institute rend compte de cette complexité. Michel Jaupart, son Directeur général, nous en parle.

Texte : Philippe Van Lil

Michel Jaupart

Directeur général

War Heritage Institute

Que trouve-t-on dans vos collections ?

Michel Jaupart : « Le War Heritage Institute compte six sites : le Musée royal de l’armée à Bruxelles, le Fort de Breendonk, Gunfire à Brasschaat, le Boyau de la mort à Dixmude, le Bunker de commandement Kemmel à Heuvelland et Bastogne Barracks. Il couvre un millénaire d’histoire militaire depuis le XIe siècle, avec des collections pour l’ensemble des pays européens et parfois au-delà, États-Unis et Japon par exemple. L’ensemble regroupe quelque 140.000 pièces, du bouton d’uniforme aux avions et bateaux en passant par de l’armement lourd et léger, des casques, des cuirasses et des armures. »

Nous présentons une histoire nuancée et rappelons les réalités historiques sans jeter l’anathème sur les uns ou les autres.

Ces collections comprennent-elles autre chose que de l’armement ?

M. J. : « Nous couvrons en effet le phénomène militaire dans toutes ses dimensions, y compris des pièces utilisées dans le cadre des conflits. Exemples : des affiches de propagande, du matériel médical, des outils de cuisine pour nourrir les troupes, de la documentation sur les cantonnements et réquisitions. Il y a aussi une importante collection de tableaux et sculptures, notamment de maquettes de monuments. »

Quelle est la période couverte ?

M. J. : « À Bruxelles, nos collections couvrent un millénaire sur 35.000 m². La plus grande quantité d’objets concerne toutefois les XIXet XXsiècles, avec des pièces remontant à l’époque de l’occupation française. Les règnes de Léopold Ier et Léopold II remplissent à eux seuls une très grande salle. Viennent ensuite les deux grandes salles de 14-18. Tous les belligérants sont représentés, à l’exception curieuse de la Grèce mais avec des pièces du Japon par exemple. Dans les nouvelles salles, notamment celles consacrées à la Seconde Guerre mondiale, nous nous sommes gardés de tout manichéisme. »

C’est-à-dire ? 

M. J. : « Nous présentons une histoire nuancée et rappelons les réalités historiques sans jeter l’anathème sur les uns ou les autres. Par ailleurs, notre objectif est d’inciter le visiteur qui aura vu le site de Bruxelles d’aller passer une journée à Bastogne, Breendonk ou ailleurs. Nous avons la chance de pouvoir faire découvrir des endroits assez extraordinaires, comme le bunker de commandement de Kemmelberg ou le camp de concentration de Breendonk, le mieux conservé en Europe. »

Que dire aux Belges pour les inciter à redécouvrir leur histoire ?

M. J. : « Trois choses. Un : ils ont à Bruxelles un musée qui n’a rien à envier à ses grands homologues européens que sont le Musée des Invalides de Paris ou l’Imperial War Museum de Londres. Deux : ce musée montre l’histoire selon une ligne du temps chronologique et de façon équilibrée ; depuis deux ans, nous nous employons d’ailleurs à un meilleur travail de contextualisation. »

« Trois : le War Heritage Institute permet de prendre conscience que notre tout petit pays a toujours joué un grand rôle dans le concert européen. Ce fut bien sûr le cas notamment durant les deux guerres mondiales, au cours desquelles il a tenu une place honorable avec les moyens dont il disposait et qui n’étaient pourtant nullement comparables à ceux des grandes puissances qui l’entourent. »

Tout cela a sans doute de quoi relever notre fierté nationale…

M. J. : « Je le crois. Partout et à tout moment, des Belges ont assumé leurs responsabilités et ont eu le courage de prendre les risques qu’il fallait sur le champ de bataille. Pas nécessairement avec beaucoup d’enthousiasme, d’ailleurs. C’est le reflet d’un certain prosaïsme à la belge. Mais quand il a fallu résister à l’envahisseur, nos parents et grands-parents ont fait le nécessaire pour garantir les libertés et le respect des valeurs démocratiques. »

Next article