Chroniqueur et humoriste à ses heures, Eric Boschman est d’abord connu pour son expertise en vin, alcool et bière. Il dégage pour nous quelques tendances des Belges en matière de production et de consommation.
Texte : Philippe Van Lil
Le Belge consomme-t-il beaucoup d’alcool ?
Eric Boschman : « Non, sa consommation de vin, d’alcool et de bière est raisonnable, même globalement en baisse. À ce propos, des opérations comme Dry January en France ou Tournée minérale en Belgique sont des demi-échecs ; beaucoup de gens annonçant y participer arrêtent au bout de quelques jours. En fait, les consommateurs en ont assez d’être infantilisés avec une foule de conseils sur leur santé et leur façon d’agir. La consommation doit reposer sur la responsabilité individuelle. »
Cette crise a pourtant renforcé les phénomènes d’addiction…
E. B. : « Je ne nie pas que le télétravail a renforcé le sentiment de solitude et poussé certains à une surconsommation. Durant le confinement, on a d’ailleurs vendu énormément de bags in box et de cubitainers. Mais cela ne concerne qu’une minorité de consommateurs. Si les foires aux vins de 2020 et 2021 ainsi que les ventes en grandes surfaces et chez les cavistes ont aussi connu des succès incroyables, c’est pour d’autre raisons. En réalité, comme ils ne pouvaient plus aller au restaurant, au café ou en vacances, les gens se sont fait plaisir chez eux. D’autres ont thésaurisé, se constituant de belles caves. »
Voyez-vous d’autres tendances ?
E. B. : « Le Belge consomme de plus en plus de bières hyper locales. Côté alcools, les jeunes cherchent plutôt des boissons fortes et bon marché, dont le gin. Pendant le confinement, on a d’ailleurs vu, en Wallonie, une floraison de micros-distilleries produisant du gin. L’explication est simple : nombre de bières invendues ont dépassé leur date de péremption et ont dès lors été recyclées en gins car la base est la même. »
Et pour ce qui est du vin ?
E. B. : « C’est incroyable : la Belgique passera sous peu de 700 à plus de 1.000 ha de vignes cultivées. Même si c’est peu en comparaison au Luxembourg, l’évolution est vertigineuse. Le seul frein à notre développement est prix de la terre agricole, l’un des plus élevés d’Europe. On est facilement à 50.000 € par ha pour une terre vierge, alors qu’à Bordeaux, les terrains plantés sont à 9.000 €. Mais grâce au réchauffement climatique, aux investisseurs privés et à la fierté des Belges, nous produisons un vin de qualité. »