La Belgique est fière de Stromae, et c’est réciproque. En plein cœur de sa tournée européenne, on a interrogé le chanteur sur son rapport à la belgitude, sur ses coups de cœur bruxellois et son actu du moment. Petit tour du plat pays avec le maestro.
Comment vivez-vous cette tournée européenne ?
Stromae : « Très bien, j’étais content de reprendre la route. Jouer en Europe, c’est confortable : je peux me déplacer facilement depuis Bruxelles et revenir chez moi chaque semaine. L’an dernier, j’ai passé presque six mois aux États-Unis après la sortie de l’album. C’était une expérience géniale, mais mon chez-moi m’a beaucoup manqué, j’étais content de rentrer pour retrouver ma famille. Depuis que je suis père, il est difficile pour moi de rester loin de la maison pendant longtemps. »
Le Belge ne parle pas de la Belgique comme d’autres cultures ont tendance à parler de leur propre pays.
Votre album Multitude est sorti il y a un an. Quels ont été les temps forts de cette année écoulée ?
Stromae : « Les retours de l’album ont été super bons, donc la vie a été intense. La date à Coachella, les trois concerts avant-premières à Bruxelles, Paris et Amsterdam. Le gala du MET à New York avec Coralie, la tournée des festivals, la tournée Nord-Américaine. Et puis, les récompenses : les trois MIA’s, les Victoires de la Musique en tant qu’artiste masculin et album de l’année, … Je me rends compte que c’est génial, tout ça.»
Comment est né Multitude ?
Stromae : « Multitude est le fruit de collaborations, notamment avec mon frère Luc. C’est mon directeur créatif. Depuis vingt ans, il est le premier à écouter mes nouvelles chansons. Il m’aide à trancher, on décide ensemble ce que l’on garde ou pas. On passe des heures en studio, à écouter, réécouter, … Il me donne des conseils, m’aide à améliorer. Quand on est perdus, Coralie est de bon conseil, elle nous aide à y voir plus clair. Créer de la musique, c’est se mettre à nu. Le fait de pouvoir confier mes chansons à mes proches en première ligne, je trouve ça plus facile et rassurant. Et puis ensuite, je les fais écouter au reste de l’équipe, au label, pour avoir d’autres avis et ne pas rester en huit-clos. »
Multitude est un album presque sociologique, où vous vous mettez dans la peau d’autres personnes pour décrire leur vie. Est-ce votre manière instinctive d’écrire ?
Stromae : « En général, les refrains sont assez instinctifs, oui. Ce qui marche pour moi, ce sont des refrains très simples, avec un mot ou une demiphrase qui sonne bien. C’est à partir de là que je commence à construire une histoire. Je suis obligé d’aller puiser dans les histoires des autres parce qu’à un moment donné, j’ai fait le tour de ce qu’il se passe dans ma propre vie (rires). Alors, je m’inspire de ce que je vois, j’invente beaucoup. Comme un conteur d’histoires. »
Quel est votre rapport à la Belgique? Êtes-vous fier d’être Belge?
Stromae : « Ce qui me rend fier, je pense que c’est justement que le Belge ne soit pas trop fier de l’être. C’est un peu paradoxal, mais en ce sens, je suis fier d’être Belge. Le Belge ne parle pas de la Belgique comme d’autres cultures ont tendance à parler de leur propre pays. On est ce qu’on est, et puis c’est tout. Des fois on est fiers, des fois on a honte, je pense que tout le monde partage ce sentiment-là. »
Les artistes belges ont souvent besoin d’être validés en France pour percer en Belgique. Avez-vous ressenti ça au début de votre carrière ?
Stromae : « Oui, c’est vrai que percer en France était l’un de mes objectifs, avant tout parce que j’en avais envie. Parce que la France est le pays de la francophonie, et que c’est juste à côté de chez nous. On a eu envie de tenter notre chance. Ça a été le cas de plein d’autres artistes belges qui cartonnent en France, comme Angèle, Mentissa, Damso, Pierre de Maere, Loïc Nottet, … »
Le Belge ne parle pas de la Belgique comme d’autres cultures ont tendance à parler de leur propre pays.
La Belgique vous manque-t-elle lorsque vous voyagez ?
Stromae : « Oui, la Belgique me manque beaucoup quand je voyage. Quand j’ai voyagé aux États-Unis l’an dernier par exemple, j’avais le mal du pays, même si ce que je vivais était super intéressant. Je me découvre de plus en plus casanier, j’aime bien être dans ma ville. Bruxelles finit toujours par me manquer à un certain moment. Je ne m’imagine pas trop vivre ailleurs. »
Quels sont tes lieux préférés en Belgique pour le moment ?
Stromae : « Je suis complètement fan d’une famille mexicaine qui vend des tacos sur les différents marchés bruxellois. Leurs tacos sont délicieux et ils sont super gentils. Je les suis à la trace (rires). Hors de Bruxelles, j’ai eu un coup de cœur récemment pour le Nest Hotel, à Namur. Sinon, j’aime bien me poser au café du coin, chiner dans des boutiques de seconde main ou des disquaires. Des choses simples du quotidien ! »