Selah Sue : « Donner une voix à mes personnalités m’a aidée à les accepter »

Il y a quelques semaines, la chanteuse Selah Sue signait son grand retour avec Persona, un disque de 17 titres naviguant entre le hip-hop, la soul et la pop. Prête pour la saison des festivals, elle nous raconte les dessous de cet album intime et éclectique, et se replonge dans ses souvenirs d’été.

Quelle est la symbolique du titre de votre nouvel album, Persona ?

Selah Sue : Pour moi, cela signifie « personnalités multiples » ou « personnes multiples”. Sur la pochette du disque, on me voit dans une seconde tête, en pleine introspection.

Que représente ce projet ?

S. S : « Il se base sur une thérapie que je suis avec ma psychologue depuis quelques années : le Voice Dialogue. Il s’agit d’apprendre à explorer et à accepter les différentes parties de soi. J’ai voulu entamer cette thérapie car j’avais une critique intérieure très forte en moi. Je disais toujours à ma psychologue : « je ne mérite pas tout ça, je n’ai pas de talent, les gens vont s’en rendre compte ». Elle m’a répondu que ce n’était peut-être pas la vérité, que c’était ma critique intérieure. Nous avons alors exploré tous les aspects de ma personnalité et j’ai décidé que chaque chanson du disque serait écrite à partir d’une personnalité différente. Le fait de leur donner une voix, une scène – littéralement, je les ai mises sur scène – m’a permis de les accepter plus facilement. »

J’ai travaillé sur l’album avec mon compagnon. C’était génial, sans pression, on a pris notre temps !

Quelle est votre identité sonique ?

S. S : « L’album est très éclectique, il me ressemble beaucoup : quand j’écoute de la musique, je passe de la musique classique à la drum & bass (rires). Ma personnalité est si éclectique, cela m’a donné l’occasion d’expérimenter au niveau de la production et des sons. Le disque combine hip-hop – je rappe dans la première chanson -, soul, pop, influences électroniques et jazz. »

Le disque est également très lumineux. D’où vient cet aspect ?

S. S : « C’est vrai ! J’ai écrit ce disque pendant le confinement, qui était une bonne période de ma vie. Je suis sans doute la seule, mais j’ai vraiment apprécié le confinement. J’ai eu beaucoup de chance : j’ai une grande maison, mon entourage est toujours en vie, je n’ai pas eu de problèmes financiers et j’ai pu me concentrer sur l’album. Toutes les personnalités que j’y ai inclu sont vraiment positives, même la critique. Je cherche toujours des solutions quand je me sens mal, ce qui rend les chansons lumineuses. »

Dans quelles conditions ce projet a-t-il été créé ?

S. S : « Juste avant le confinement, je me suis posée avec Matt, le producteur de l’album. Il vient de Los Angeles. Il est venu chez nous et nous avons créé le squelette des chansons, les accords, etc. Puis le confinement est arrivé et nous avons travaillé les productions via Skype, en visio. Avec mon compagnon, nous avons une maison et le rez-de-chaussée est comme un studio, mais l’étage supérieur est dédié à la famille ; de 9 à 16 heures, nous travaillions en bas, puis nous montions pour être parents. J’ai travaillé sur l’album avec lui, c’était génial, sans pression. On a pris notre temps ! »