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Prendre un enfant en famille d’accueil peut faire toute la différence !

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Chercheuse à l’Université de Liège, Stéphanie Chartier est l’auteure d’une thèse de doctorat consacrée aux relations parents-enfants placés en familles d’accueil et en institutions. Elle nous offre son regard aiguisé sur la situation spécifique de l’accueil des enfants en Wallonie et à Bruxelles.

Texte : Philippe Van Lil

Stéphanie Chartier

chercheuse

Université de Liège

Quel est le bénéfice d’une famille d’accueil ?

Stéphanie Chartier : « Les enfants qui y sont placés vont sensiblement mieux que ceux placés en institution. Sur le plan psychologique, 75 % des enfants vont bien, en raison notamment de la relation stable et sécurisée avec la famille d’accueil. Cet attachement a un impact considérable sur leur développement cognitif, émotionnel et comportemental. Le placement en famille d’accueil peut donc faire toute la différence pour leur parcours de vie ! Malheureusement, par manque de familles d’accueil, beaucoup d’enfants en bas âge sont encore placés en institution en Belgique. » 

Passé 5 ans, un enfant reste le plus souvent placé en institution jusqu’à sa majorité. C’est pourquoi aujourd’hui, on cherche beaucoup de familles d’accueil pour les plus grands.

Le manque de familles est-il le seul problème ?

S. C. : « Non. Un autre est que les 17 services d’accompagnement d’accueil familial (SAAF) ont un nombre de places limité et sont actuellement en pleine capacité. Même si 300 familles d’accueil se manifestaient, elles ne seraient pas nécessairement sélectionnées, faute de places dans les services. Aujourd’hui, on compte 2.000 places pour assurer le suivi des enfants placés en familles d’accueil, contre près de 3.000 places en institutions. Même si ces dernières ont tout leur sens pour certains enfants, ce ratio est incohérent avec la politique visant à favoriser l’accueil familial. »

Certaines familles volontaires ne se découragent-elles pas aussi parfois ?

S. C. : « Effectivement, celles qui ont un projet d’accueil se sentent parfois découragées par des anecdotes de situations qui se sont mal passées. Dans la réalité des faits, de tels cas sont cependant plutôt minoritaires ; la plupart des placements sont vécus positivement par les familles d’accueil. En outre, même si c’est beaucoup plus simple que pour l’adoption, la procédure dure tout de même entre 6 et 9 mois. Mais, au bout du compte, ce sont en majorité de très belles histoires. » 

Quels sont les types de familles d’accueil ?

S. C. : « Il y en a deux : 31 % de familles bénévoles – et sélectionnées – qui n’ont aucun lien préalable avec l’enfant ; 69 % de familles qui en ont un. Dans ce dernier cas, on compte 52 % de familles intrafamiliales avec des liens de parenté – grands-parents, tante, frère plus âgé, etc. – et 17 % familles dites ‘réseaux élargis’ avec des connaissances de l’enfant ou de ses parents – amis, voisins, instituteur, etc. Pour devenir famille d’accueil, on peut prendre contact avec un SAAF à proximité de chez soi et trouver des informations sur le site lesfamillesdaccueil.be. »

En général, quel âge ont les enfants au moment de leur entrée en famille d’accueil ?

S. C. : « Ce sont souvent de très jeunes enfants, voire des bébés. Or, l’accueil peut commencer et se faire à tout âge jusqu’aux 18 ans de l’enfant. En réalité, passé 5 ans, un enfant reste le plus souvent placé en institution jusqu’à sa majorité. C’est pourquoi aujourd’hui, on cherche beaucoup de familles d’accueil pour les plus grands. Contrairement à certaines idées reçues, l’accueil d’un bébé n’est pas toujours plus facile que celle d’un plus grand ; avec ce dernier, on peut par exemple verbaliser et mieux le comprendre. »

En chiffres

– Environ 3.500 enfants vivent en famille d’accueil en Wallonie et à Bruxelles

– Quelque 3.000 enfants sont accueillis par des membres de leur famille

– Environ 1.500 de ces accueils intrafamiliaux ne bénéficient pas de l’accompagnement d’un service spécialisé

– Seuls près de 2.000 enfants et familles sont soutenus par un service d’accompagnement

– Près de 3.000 enfants vivent dans des institutions de l’aide à la jeunesse

– Parmi ceux-ci, 250 sont en attente de familles d’accueil

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