Les soins aux personnes âgées font l’objet d’innovations constantes. Les outils de réalité virtuelle ont notamment fait leur entrée au sein de certaines maisons de repos. Ils permettent de créer un moment de bien-être personnalisé, éventuellement à des fins thérapeutiques, en fonction des spécificités des résidents.
Chef Innovation de Korian
Présente dans sept pays européens, la société Korian s’est implantée en Belgique en 2005. Elle n’accueille pas moins de 12.000 seniors au sein de ses 117 maisons de repos réparties dans le pays. Comme le relate Wim Van Boghout, Chef Innovation de l’entreprise, l’innovation règne en maître au sein de ces établissements, et cela sous de multiples formes : « Pour l’instant, nous sommes dans une phase de transition informatique : par exemple, dans certaines résidences, les collaborateurs peuvent encoder toutes les tâches qu’ils exécutent directement dans la chambre d’un résident, de sorte qu’ils ont plus de temps qualitatif avec les résidents. » Ce n’est pas tout : « Nous disposons aussi d’un app, Korian Konnect, pour notre communication interne. Elle donne accès à toute une série d’informations pratiques, tels que le planning et les jours de congé. Par ailleurs, nous investissons beaucoup dans la sécurité et le bien-être de nos résidents, entre autres dans la problématique des chutes et dans des thérapies non médicamenteuses, ce qui est le cas avec le projet SAM Therapy. »
Système multisensoriel
Lancé par la startup inMersiv Technologies, le projet en question est un système thérapeutique fondé sur la réalité mixte, « SAM » désignant un « Système Autonome Multisensoriel ». Sa CEO et cofondatrice, Diana Borcescu, en résume l’objectif : « Il s’agit d’augmenter le bienêtre des résidents sans recourir à des solutions médicamenteuses. Concrètement, SAM Therapy est une capsule de 4 mètres sur 4. Un résident y prend place pour être plongé dans un environnement immersif et interactif de son choix, au sein d’un décor qui apparaît à 360°. Durant les séances, le résident contrôle ses déplacements à l’aide d’un joystick. Le dispositif intègre aussi du son directionnel ainsi que du vent. » Élément fondamental, le contenu de l’expérience est adaptable aux caractéristiques spécifiques de chaque résident. Sur le plan thérapeutique, l’espoir est bien sûr de parvenir à apaiser les troubles des résidents au fil des séances.
Diana Borcescu et Maxime Jacobs, respectivement CEO et cofondatrice et cofondateur de la startup inMersiv Technologies.
Directeur La Maison de Repos et de Soins La Cambre
Plus de bien-être pour les résidents
La maison de repos et de soins La Cambre est spécialisé dans l’accueil de résidents présentant des troubles cognitifs et/ou psychiques. Dans sa recherche visant à améliorer la qualité de vie de ceux-ci, elle a pu déceler les possibilités de SAM Therapy et n’a pas hésité à investir dans ce projet innovant. C’est le premier établissement du réseau Korian à avoir introduit ce dispositif en son sein. Comme le confirme Paul Matton, son directeur, « c’est dans notre maison que inMersiv Technologies a pu développer en toute confiance ce dispositif innovant, très porteur de moments de bienêtre aux résidents. Ils peuvent choisir le contenu de leur expérience, en concertation avec le personnel soignant : une balade en forêt, dans le désert ou à la mer, par exemple. L’essentiel est que ça leur rappelle de bons souvenirs, leur permet de s’évader et de retrouver une certaine sérénité. Chez nous, ce sont surtout les collaborateurs ergothérapeutes, les kinésithérapeutes et notre psychologue qui en font usage pendant leurs sessions. »
Nous avons déjà constaté de très bons résultats avec ce dispositif. Résultats qu’on devra confirmer par des chiffres et des mesures scientifiques.
Vers un meilleur accompagnement
Pendant la séance, qui dure environ 15 minutes, le résident peut partager son expérience, notamment à propos de moments qu’il a revécus. Pour Paul Matton, « cela nous permet de mieux connaître les résidents, de savoir d’où ils viennent, comment ils ont vécu leur vie avant d’arriver chez nous. Finalement, le personnel accompagnant et le résident trouvent une nouvelle façon de vivre ensemble grâce à cet espace-temps privilégié et à ce moment de partage. » Maxime Jacobs, cofondateur de la startup, précise que « le résident ne porte pas de masque de réalité virtuelle, ce qui l’isolerait de son accompagnant. » Comme le conclut Wim Van Boghout, il reste encore beaucoup de travail à réaliser pour déployer cette technologie à plus grande échelle :
« Nous avons déjà constaté de très bons résultats avec ce dispositif. Toutefois, pour en expliquer les avantages à nos équipes médicales, il faudra confirmer ces réussites par des chiffres et des mesures scientifiques, pas seulement par des sentiments intuitifs. Cette technologie est en tout cas prometteuse et, idéalement, pourrait être présente dans tous nos bâtiments. Mais pour être réaliste, cela dépendra des capacités de coûts de cette solution et aussi de l’attrait aux yeux des équipes locales. Des chiffres fiables permettront aussi de trouver un business model viable pour son déploiement et une montée en puissance. »