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« Je me sens plus libre aujourd’hui qu’à trente ans »

Avec Jean-Luc Couchard, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Un jour sur les planches, le lendemain sur un plateau de tournage, il enchaîne les rôles et s’épanouit dans la cinquantaine, ses 22 années de carrière dans la poche. Rencontre.

Photo : Kris Van Exel

Jean-Luc Couchard
acteur

Votre année 2023 a-t-elle bien commencé ?

Jean-Luc Couchard  : «  Très bien  ! J’ai notamment eu le plaisir de refaire du théâtre, avec la pièce Violence and Son de Gary Owen, avec laquelle nous avons tourné en ce début d’année. »

Le théâtre vous procure encore les mêmes sensations ?

J.-L. C. : « Oui, j’adore ça. Le théâtre, c’est mes racines. J’ai fait le conservatoire de Liège, puis j’ai joué en Belgique, en France. Avec Christophe Rauck, Zabou Breitman, … Après Dikkenek, j’ai eu beaucoup de propositions dans le cinéma, donc j’ai un peu mis le théâtre de côté. Mais j’y reviens toujours. Ce que j’aime avec le théâtre, c’est qu’on ne triche pas. C’est du live, il faut être dedans, même si on est malade ou pas en forme. C’est un travail exigeant, très intense, mais passionnant. C’est très différent du cinéma, ce n’est pas la même énergie. »

Côté cinéma, quelles sont vos actus du moment ?

J.-L. C. : « Le film Apaches de Romain Quirot, que j’ai tourné l’année passée, vient de sortir en salles. Je suis parti à Dubaï à l’automne, tourner le film de Tarek Boudali, 3 jours max, qui sortira l’année prochaine. Et puis il y a le film de Michael Youn, qui va sortir sur Amazon Prime. J’ai aussi fait une participation dans le film d’Olivier Van Hoofstadt, le réalisateur de Dikkenek, qui sortira l’année prochaine. J’ai également plusieurs tournages de prévu, dont la série RTBF de Christophe Bourdon, Salle des profs, une série humoristique, très amusante à tourner ! Je suis très content d’y prendre part. »

Le théâtre, c’est du live, il faut être dedans, même si on est malade ou pas en forme : on ne peut pas tricher.

Parvenez-vous à concilier vie pro et vie privée avec un agenda aussi chargé ?

J.-L. C.  : «  Ces dernières années, j’ai trouvé une certaine stabilité. Je suis avec ma compagne depuis six ans, j’ai ma fille un week-end sur deux, … Ce n’est pas toujours simple mais j’ai trouvé un équilibre. Mon expérience dans le métier m’évite de courir partout ! »

Profitez-vous davantage de votre métier aujourd’hui que lorsque vous aviez trente ans ?

J.-L. C. : « Oui ! Au théâtre, lorsque je vois les jeunes acteurs et actrices très stressés avant de jouer, je réalise que je n’ai plus la même angoisse. J’ai toujours le trac, mais différemment. Je relativise davantage. L’expérience amène une certaine sérénité, une maturité. Bien sûr, j’espère toujours que ça va bien se passer, qu’il n’y aura pas de problème. Mais j’ai moins peur, parce que je sais que j’ai répété et que je connais mon travail. »

J’ai toujours quelque chose à prouver : je me remets en question à chaque rôle, j’ai besoin de me lancer des défis, d’aller chercher des personnages qui me surprennent.

À cinquante ans, on n’a plus rien à prouver ?

J.-L. C.  : «  Si, par contre, j’ai toujours quelque chose à prouver  ! Je me remets en question à chaque rôle, j’ai conscience qu’il faut que je travaille… Et puis, j’ai besoin de me lancer des défis, d’aller chercher des personnages qui me surprennent. C’est pour ça qu’en cinéma, j’ai eu des rôles très différents, que ce soit dans Les Barons ou dans Tous les dieux du ciel où je joue le rôle d’un psychopathe. »

Avez-vous souvent douté d’avoir pris la bonne direction ?

J.-L. C.  : «  Comme dans tous les métiers, on a des périodes de doute, des moments où l’on a moins confiance, où l’on se remet en question. C’est aussi la raison pour laquelle j’aime bien être sur plusieurs fronts : le théâtre, le cinéma, la musique, … Cela me permet de ne pas toujours être dans le même milieu, dans le même registre. Mais c’est vrai qu’avec l’âge, je me pose moins de question. J’ose plus me lancer, prendre des risques. Je me sens plus libre aujourd’hui qu’à trente ans. J’aime bien la cinquantaine, c’est un bel âge  ! Et j’adore mon métier. À refaire, je ferais la même chose. Et puis, ce métier m’aide à rester jeune, en tout cas dans la tête. »

Quels sont vos conseils pour vivre la cinquantaine sereinement ?

J.-L. C.  : «  Faire attention aux siens, essayer de gérer sa vie comme on peut. Pour ma part, j’essaye de passer du temps avec ma compagne, ma fille, … D’oublier parfois mon métier, de le mettre de côté par moments. Et puis, je fais de l’exercice, je marche beaucoup. Il faut dire que le théâtre, c’est très sportif ! »

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