Les maladies cardiovasculaires tuent plus que les cancers. Président de la Société belge de cardiologie, le professeur Patrizio Lancellotti met en garde sur les dangers de l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie.
Texte : Philippe Van Lil
Pourquoi se méfier d’un surcroît de tension et de cholestérol ?
Patrizio Lancellotti : « Extrêmement fréquente et insidieuse, l’hypertension artérielle ne donne pas nécessairement de symptômes. Cette maladie évolue lentement et va s’associer à des pathologies cardiovasculaires comme les accidents vasculaires cérébraux. Cela peut s’accompagner d’athérosclérose, donc des infarctus sur la base de maladies coronaires. L’association avec une hypercholestérolémie ou d’autres facteurs de risque – présents chez 50 % des patients hypertendus – aggrave encore le risque de développer des maladies cardiovasculaires. »
Que recommandez-vous en termes de diagnostic ?
P. L. : « Tous les adultes devraient avoir une mesure régulière de la pression artérielle. Si de l’hypertension artérielle est détectée et confirmée, un traitement doit débuter pour être généralement poursuivi à vie. Du point de vue thérapeutique, il en va exactement de même pour l’hypercholestérolémie ; l’objectif est d’atteindre des valeurs cibles, qui varient d’un patient à l’autre selon les risques. »
À quoi s’expose-t-on en cas de traitement mal suivi ?
P. L. : « Pour l’hypertension, les risques sont, d’une part, les infarctus du myocarde et les maladies coronaires au sens large et, d’autre part, les maladies au niveau cérébral, donc les accidents vasculaires cérébraux (AVC) avec toutes les comorbidités et morbidités qui sont associées à des AVC comme les pertes de mobilité. Ces pathologies sont donc extrêmement graves. Ensuite, peuvent aussi apparaître des pathologies rénales, de l’aorte abdominale ou des membres inférieurs. »
Lorsqu’on regarde la population générale, quasiment 60 % des gens au-delà de 60 ans ont de l’hypertension artérielle.
En cas d’un excès de cholestérol, le traitement doit être immédiat pour autant ?
P. L. : « S’il s’agit d’une dyslipidémie, soit une hypercholestérolémie simple et isolée, on dispose d’un certain laps de temps, lié au régime alimentaire donné au patient. Après cela, généralement trois mois, on commence un traitement. Cependant, ce dernier est immédiat quand l’hypercholestérolémie et le risque cardiovasculaire associé sont élevés. Par exemple, si vous venez de faire un infarctus, on traitera d’emblée. »
Que faire en cas de légère hypertension ?
P. L. : « Toute augmentation de l’hypertension artérielle a déjà des conséquences sur le long terme. Une hygiène de vie adéquate est dès lors indispensable. Elle se traduit notamment par une activité physique régulière, idéalement 150 minutes de sport par semaine. L’hypertension artérielle légère peut engendrer des événements cardiovasculaires, si on ne fait pas d’activité physique, si on a des facteurs de risque complémentaires et si elle n’est pas traitée. Lorsqu’on regarde la population générale, quasiment 60 % des gens au-delà de 60 ans ont de l’hypertension artérielle.
CETTE INTERVIEW A ÉTÉ RÉALISÉE À LA DEMANDE DE VIATRIS. LES PROPOS RECUEILLIS PAR LE JOURNALISTE N’ENGAGENT QUE L’INTERVIEWÉ.